Voilà qu’une force invisible me traverse. Je la sens comme un triste fantôme, vibreur d’ondes négatives à continuité tendue, qui insuffle de mots noircis sur page blanche humaine. Ce n’est pas là sa première visite. Le spectre est un visiteur familier des lieux.
Cette fois, l’accès lui sera difficile. J’ai une ombre froide collée sur l’épiderme mais je lui ferme mentalement portes et fenêtres. Je ravive le feu de la cheminée. J’allume la radio de mon cœur. Ça sent bon la petite confiance en soi à l’odeur de bois brûlé. Je rajoute une musique personnelle, confectionnée dans les jours de fin d’été. Je lui lance un sourire sucré fait maison.
Le bougre semble insensible à ma protection de chaman improvisé puis, sans crier gare, renonce et s’en va. Il promet de revenir plus vite que je ne le pense. Je hausse des épaules mais cache au plus profond de moi une crainte. Je savoure malgré tout. Victoire sans public mais tout mon moi applaudit.