Dans le dessein de mon destin, je visualise un support blanc sur lequel, soudain, naissent des petits traits noirs sans aucune prétention. Glissantes comme sur de l’eau, les petites barres se laissent porter, ici et là, dans la direction où le sort veut bien les emmener, quitte à ce qu’elles sortent du contour et tombent dans le néant.
Il faut croire que rien ne pourrait leur permettre de décider par elles-mêmes de la route à prendre. Pas parce qu’elles ne soient pas douées de conscience, bien au contraire, elles sont animées d’une intelligence rare. Sauf que voilà : elles restent persuadées qu’une puissance les empêcherait de choisir. Déterminisme pour les unes, fatalisme pour les autres. Tristesse dans tous les cas.
Il suffirait pourtant d’un éclat. Celui qui mettrait un doute. Celui qui ferait naître une interrogation.
De là, les traits deviendraient reliefs.
De là, naitraient des collines, des montagnes, ou même des creux, ou encore des souterrains.
De là, viendraient des couleurs vives, pâles, gaies ou sinistres.
De là, se rajouteraient des mouvements tendres, violents, familiers ou étranges.
De là, une cartographie prendrait forme là où il n’y avait que du plat.
De là, existerait le pouvoir de pouvoir transformer mes sentiments, ces petits traits inscrits dans mon être, pour les diriger là où il me semblerait bon de les emmener. Pour enfin devenir un voyageur de ma propre existence.