CatégorieDes poèmes

Je-nous

J

Je suis à je-nous,
Les mains croisées,
Devant toi qui est moi,
Enfin, je crois…
Tu souris comme je grimace,
C’est bien ça qui m’agace,
C’est d’être toi sans être moi,
De ne pas être comme je me vois.
Tu es un je-maux,
Les mains tendues,
Devant moi qui est toi,
Enfin, tu crois !
Tu es unique dans le multiple las.
Tu-moi, donc, efface de cette glace ce
Deux moi vaut mieux que un tu m’auras !
Qu’un seul prenne notre place.

Tout se danse

T

Evidemment que tout se danse,
Même sous une mélodie étrange,
Jouée dans une salle errante,
Dont les notes, piquantes,
Meurtries les cœurs d’anges
Qui sans cesse se mélangent.
Qui, une seule fois dans sa vie,
N’a jamais voulu mouvoir du jour
Dans une boîte qui se veut nuit,
Prendre un peu de lumière autour,
Le lancer dans l’ombre qui y vit ?
Faudrait-il faire preuve d’intolérance
Envers des gestes incompris
Pour ceux qui n’y voient aucun sens
Hormis pour celui qui l’accomplit ?
Laissez-donc parler ce corps
Qui exprime au-dehors
Des envies d’encore !
Laissez-le dans sa danse classique
Sous la musique électronique !

Minuit passé

M

Minuit passé, soudain l’étincelle
Instant suspendu, caresses,
Peau en mer blanche, mains qui s’y noient,
Baisers mouillés à la nuit d’étoiles,
Proximité qui se ficelle
Douceurs en vitesse
Envies ou lois
Pudeur mettant les voiles
Regards croisés, éternels,
Corps à genoux, la messe,
Prière pour la quête, des doigts
Perdus en forêt des poils
Bâtons qui s’ensorcellent
Jamais loin des fesses
S’approchant, se déploient
Puis se dévoilent
Langue qui s’emmêle,
Demanderesse,
Ouvrant la voie
Sous les étoiles
Inventaire du mâle en selle
Ivresse,
Pouvoir des rois,
Cris et râles,
Avançant la nacelle
Assauts de forteresse
Poudre qui flamboie
Saint Graal
Rêve sensuel

C’est sans amour

C

C’est sans amour que je viens à toi
T’offrir un verre de nuit d’étoiles
Puis mes douces lèvres pour goûter
Un peu tout ce qui nous dévoile
Dans un temps de baisers mouillés
C’est sans amour que je pars avec toi
Dans la voiture à pas d’heure
Direction le lit à grande vitesse
Pour un soupçon de chaleur
Et des morceaux de caresses
C’est sans amour que je te fais l’amour
Dans des draps que l’on salit
En même temps que nos cris
Qui faiblissent comme mes envies
Sauf celle de te dire bonne nuit
C’est sans amour que je te quitte
Prendre le métro moche
La fatigue dans la peau
Et trouve au hasard tes mots
Glissés dans ma poche
C’est sans amour que je te revois
Pour replonger dans tes bras
Et comprendre un peu mieux
Ce qui te fait de si beaux yeux
Quand je suis contre toi
C’est sans amour que je te retiens
Depuis quelques mois maintenant
Chez toi, chez moi, dehors parfois,
Mais avec toujours au dedans
Ce je-ne-sais-quoi
C’est sans amour que je crois
Sentir cette chose dans mon cœur
Qui me permet de te dire
Que c’est sans amour que je t’aime
Pour la première fois

Dans le vent

D

Dans le vent elle allait
Reprendre un souffle ou deux
Pour mieux soupirer
Contre les hommes odieux
Ils lui imposaient les conventions
Mais elle allait à contrevent
De leurs inventions
La bloquant dans l’élan
Alors de ses mésaventures
Elle en prenait le plus dur
Pour mieux l’éventrer
Et enfin respirer
Puis elle s’aventurait en rafale
Avec foi et le cœur fervent
Faire l’inventaire du mâle
Et le semer dans le vent.

Une mer rouge

U

Une mer, rouge, ronge mes falaises
Au plus profond de mon sommeil
Ses vagues internes, de non-merveilles,
Roulent dans mon âme, balèzes,
Et me noient dans une rage
Abîmant ici et là mon cœur.
Je voyais dans le rêve un voyage
Dans un océan d\’étoiles sans peur,
Me voilà dans cette eau de souvenirs,
Me rappelant un peu plus ma colère.
Des astres aux désastres qui s’empirent
Je suis mauvais nageur, je plonge,
J’aurais souhaité ne plus revivre ce passé
Mais le voilà dans les poumons, je songe.

Tombé là-haut

T

Adossé sur la plus belle étoile électrique
Soûlé au meilleur vin de l’univers
Je me moque gentiment avec elle
De ta petite vie si terre-à-terre
De ton joli être qui ne regarde jamais le ciel
Qui ne réalise ô combien il est magnifique
Si tu savais pourtant le temps que ça m’a pris
De convaincre toutes ces foutues lumières
De s’unir ensemble au dessus de toi
Pour qu’elles puissent, peu fières,
Te faire lever la tête dans l’au-delà
Et t\’expliquer ma chute dans la nuit
Si tu savais mes remords depuis ce jour,
Celui où j’ai levé le pied, foutu ma vie en l’air,
Celui où il m’a suffit d’un rien pour décrocher
De tous mes calvaires
Je n’ai connu le pire qu’une fois tombé là-haut
Car désormais je ne peux plus t’embrasser.

Mille neuf cent quatre-vingt-dix

M

Mille neuf cent quatre-vingt-dix
Glisse-toi dans ma nuit
Homme de l’étoile éternelle
Ôte donc tes habits
Montre-toi étincelle
Ta peau est une mer blanche
Mes pauvres mains s’y noient
Je devrais punir ces doigts
Mais le loup en moi flanche
Lèvres chaudes sur lèvres glacées
Ta langue me brûle avec joie
M’apprend ce qu’est savourer
Laisse-moi venir à toi
Et mes pattes dansent encore
S’accrochent, se décrochent,
Tombent, redemandent ton corps
J’aboie, me rapproche…
Je jure mon si bien-aimé
De ne jamais oublier
Mille neuf cent quatre-vingt dix

Que faire de ta terre ?

Q

Que faire de ta terre qui m’émerveille
Si je m’y perds aveuglé par le Soleil ?
J’y marche depuis un temps
Dans le bruit continu du vent.
Je perçois par moment un oiseau
Aux plumes d’une couleur d’eau
Qui avant tout contact s’envole.
Je sens des ombres qui me collent,
Me figent dans un froid éclairé.
J’entends des sons rapprochés,
Des questions dans un écho.
Je vois tout ce rouge d’en haut…
Je sais pourtant qu’il a du bleu.
Que faire de ta terre qui m’ensorcelle
Si ma peau s’abîme par le soleil ?
J’avance pourtant encore le pied,
Je voudrais tellement y arriver.
Je devine sous moi une fissure,
L’effet d’une morsure.
Apparue trop tôt dans mon voyage,
Je parcours en décalage…
Je suis bon aventurier,
Je ne suis pas venu pour prier,
Dieu aimerait me voir tomber.
Du rouge, oui, mais, sûr, il y a du bleu…
Il y a de quoi nous rendre heureux.

Accro(c)

A

Logés dans cet espace noir,
La douce nuit d’été soupire,
Comme moi, et le vent, bavard,
Cache mes bruits de vampire
Devant ton corps de lune
Si chaire à mes crocs.

Possédé par une faim opportune
Ta peau en sucre m’appelle
J’ai, dans mon appétit de gros,
Ta viande servie dans une gamelle.
Je ne désire pas… je dois manger !
Devant moi, tout me plat.

Je ne peux plus te résister
Alors j’attaque, je te prends les bras
Je les plaque haut et loin
Je suis ta bête, tu es ma proie
Le crime parfait, aucun témoin
Je te souris le regard affamé.

Je te parcorps en langue
Ton physique est un voyage
Je m’aventure en boomerang
Ma salive en guise de tatouage
Je suis mâle dans ta peau
Et j’avance mes canines.

Mes envies sont désordres
Être d’humeur câline
Mais t’attaquer au ventre
Comme aux pieds, mordre,
Frôler ton antre,
Assimiler ton odeur…

Puis je remonte et t’embrasse
D’un baiser de toute douceur
Je te griffe à en laisser des traces
Je te sens contre moi excité
Alors je te fais douce violence
Je me livre à l’état brut.

Je descends en transe
Je t’engloutis droit au but
Ton bâton ensorcelé
Ne me fait pas peur !
J’ai une envie de magie noire
Qui ferait bondir ton cœur.

Je te retourne sans crier gare,
Je te veux encore et en corps,
Je te lèche le long du dos
Puis je descends au rebord,
M’attarde comme un cadeau…
Je te déballe comme ça m’emballe.

Je veux te faire sentir toute mon ardeur
Alors je te montre ce que je trimballe
Découvre en toi cette délicieuse chaleur
Qui me prend comme je te prends
Je me colle contre toi, bel homme,
Et dans un plaisir immense, j’entreprends.

Je vais et je viens dans mon royaume
Je suis ton souverain, tu es mon fidèle,
Mon asservi, tu es mon protégé,
Je te veux habitant de ma tour de Babel
Je t’entends crier, je me sens si excité,
Puis vient le moment de me libérer.

Je me retire, je regarde tes yeux allumés,
Je scintille à mon tour, je te veux serré
Alors je t’agrippe contre moi, ma lumière,
Puis je te projette ma voie lactée
Et retombe contre toi, sur Terre…
Nous deux dans cette nuit d’été.

Enrím

Cosmonaute vagabond dans l'espace rêvé, j'essaie tant bien que mal de matérialiser tout cet imaginaire qui me traverse.

Je suis aussi ici :