CatégorieDes poèmes

Je n’ai rien à dire

J

Je n’ai rien à dire
J’ai tout à écrire
De mes pensées maladives
Tremper dans l’encre-salive
La plume pour ne pas laisser les miennes
Une façon de secouer plus fort les chaînes
Je secoue mon poésiomètre
Je prends les lettres
J’en fait des mots
Mais poser S E N S
Suffit-il à donner du sens ?
Je casse mon poésiomètre
Je jette les lettres
Je serre mon cœur
J’en fait un émetteur
Je prends mes tripes
J’en fait un clip
Je gicle mes globules
J’en fait des bulles
Je prends mon être
J’en fait des l’être

 

 

D’une corde en rêves solides

D

D’une corde en rêves solides,
J’accroche ma nuit au bord du monde,
Où je te revois par millisecondes,
Dans une beauté à m’en rendre stupide.

Alors, le cœur penché en avant,
J’absorbe les traits de lumière,
Ces morceaux de toi éclatants,
Cachés dans ce monde à l’envers.

J’en avale par milliers
Pour t’avoir près de moi,
Quitte à en exploser,
Pour t’aimer encore une fois

Dans mes fous rêves
Contre la loi des rois.
Et… tant pis si j’en crève !
Je me dis pourquoi pas.

J’invoque tous mes dieux
En te prenant au fond de moi.
Je leur crie dans un trauma :
Je ne veux qu’être deux !

N’en réponds que l’écho
Qui a le son de ton piano.
La quiétude d’une caresse
Me touche et me blesse

Mais l’aube s’en vient déjà…
Tu repars en poussière,
Tu t’échappes en stratosphère,
Ton sourire dans l’au-delà.

La nuit n’est pas le jour, encore !
J’oublie et chute par terre,
Des bleus partout sur le corps,
Le cœur en cimetière.
Et pendant ce temps-là,
Loin devant moi,
Tu pars en l’air…

Un roi au feu de bois

U

J’ai un jour rencontré un roi au feu de bois
Qui avait de véritables morceaux de toi

Il était si beau dans sa robe rouge-flammes
Que j’ai voulu, je l’avoue, embrasser ses lèvres embrasées
Mais son cœur, glacé, se refusait à moi
Et rien ne pouvait le faire fondre, pas même son âme,
Qui pourtant pétillait d’innombrables étincelles endiablées

Mon amour, sauras-tu me pardonner
De cette infidélité passagère ?
J’étais seul et je te voyais en lui…
J’étais seul et je te voyais en lui !
Misère…

Ses si jolis yeux me faisaient des ravages,
Déclenchaient en moi le plus beau des incendies,
Mettaient le feu à la poudre de mon caleçon
Comment pouvais-je résister davantage ?
Lui qui, en son seul regard, m’avait banni
Dans un paradis d’enfer sans nom ?

Alors j’ai cherché le possible de l’impossible
Vu avec la cape des choses qu’on n’osait imaginer
Accompli des promesses à l’odeur de sang
Pour toucher son regard inflexible
Afin que lui et moi puissions nous allumer
Ne serait-ce que dans un brin de temps

Une fois revenu dans son lointain ardent pays
Aussi riche d’objets, d’histoires, de cicatrices
Que pauvre de ses si délicieuses brûlures
Je l’ai retrouvé paisiblement endormi
Mais son corps n’était plus ce feu d’artifices
Qu’il entretenait fièrement avec allure

Avec horreur, je ne pus qu’entendre sa sœur
Qui m’annonça, les yeux noyés dans la douleur,
Que mon absence avait brisé dans sa poitrine
Ce palpitant qui était pourtant si froid
Et, dans l’odeur brûlée de sa peau fine,
Il s’était consommé entièrement pour moi

Je me souviens d’avoir, un jour,
Désiré un roi au feu de bois
Qui n’aurait jamais dû connaître l’amour…

La nuit

L

Je me retrouve perdu dans tes couleurs,
Figé par le vert forêt de tes yeux dans les miens,
Gelé par le blanc neige de ta peau sur mon corps…
Je vois alors dans la chambre de mon cœur
Une couleur chasser les ombres du rebord

Je me retrouve perdu dans ton odeur,
Enchaîné par un parfum dont tu es le gardien,
Ligoté par l’essence de ton doux réconfort…
Je sens alors dans la chambre de mon cœur
Un arôme me charmer un peu plus fort

Je me retrouve perdu dans ta chaleur,
Hâlé par ta flamme que tu manies si bien,
Brûlé par ton grand feu aux bouts d’or…
Je vois alors dans la chambre de mon cœur
Un incendie éclairer mes sombres pensées

Je me retrouve perdu dans ton bonheur,
Charmé par ton sourire déclenché pour un rien,
Envoûté par la puissance sincère de ton sort…
Je sens alors dans la chambre de mon cœur
Une magie sans artifices tromper la mort

Je me retrouve perdu dans ton cœur,
Attiré par tout ce qui est tien…
Quand doucement je m’endors
J’entends alors dans la chambre de mon cœur
Ta voix qui m’aime encore

J’arpente

J

J’arpente, la nuit, le jour, le matin, je ne sais plus,
Doté de ma cape, des morceaux de mondes, des étendues
De terre, ciel et mer, de bouts incroyables inattendus
Où naissent des rencontres et aventures saugrenues.

Je n’arrive plus à dissimuler les ténèbres qui dansent,
Sous cette mélodie en boucle, à l’unisson.
J’ai ta voix connectée dans mes neurones, ça se lance…
Avec ton piano à titre de son.

Entre le Pavé Rouge et les Nuages Bleus,
Je sillonne dans un temps étranger au mien
Des pays insoupçonnables, dangereux et heureux,
Des peuples aux cris et mouvements anciens.

Je ne sais plus si c’est ma cape ou ma noirceur
Qui me couvre les épaules,
Quelque part, bien caché dans mon cœur,
Quelque chose veut jouer son rôle…

Amour chimique

A

Les yeux cimentés, le corps bitumé,
Tu marches en mode automatique,
Au bruit des pas mécaniques,
Jusqu’au prochain arrêt.

Dans tes mains, des bidules vendus
À l’instant dans la rue,
Le goût d’un baiser au goudron,
Le son d’un rire au poison.

Les doigts abimés, les traits tirés,
Tu les consommes sous la grimace.
Bien des choses se passent…
Tu voulais t’extasier, mais…

Les pieds gonflés, le visage fatigué,
Tu sors du métro sans sourire.
Tu as aimé sans sentir,
Tu rentreras vidé.

Je-nous

J

Je suis à je-nous,
Les mains croisées,
Devant toi qui est moi,
Enfin, je crois…
Tu souris comme je grimace,
C’est bien ça qui m’agace,
C’est d’être toi sans être moi,
De ne pas être comme je me vois.
Tu es un je-maux,
Les mains tendues,
Devant moi qui est toi,
Enfin, tu crois !
Tu es unique dans le multiple las.
Tu-moi, donc, efface de cette glace ce
Deux moi vaut mieux que un tu m’auras !
Qu’un seul prenne notre place.

Tout se danse

T

Evidemment que tout se danse,
Même sous une mélodie étrange,
Jouée dans une salle errante,
Dont les notes, piquantes,
Meurtries les cœurs d’anges
Qui sans cesse se mélangent.
Qui, une seule fois dans sa vie,
N’a jamais voulu mouvoir du jour
Dans une boîte qui se veut nuit,
Prendre un peu de lumière autour,
Le lancer dans l’ombre qui y vit ?
Faudrait-il faire preuve d’intolérance
Envers des gestes incompris
Pour ceux qui n’y voient aucun sens
Hormis pour celui qui l’accomplit ?
Laissez-donc parler ce corps
Qui exprime au-dehors
Des envies d’encore !
Laissez-le dans sa danse classique
Sous la musique électronique !

Minuit passé

M

Minuit passé, soudain l’étincelle
Instant suspendu, caresses,
Peau en mer blanche, mains qui s’y noient,
Baisers mouillés à la nuit d’étoiles,
Proximité qui se ficelle
Douceurs en vitesse
Envies ou lois
Pudeur mettant les voiles
Regards croisés, éternels,
Corps à genoux, la messe,
Prière pour la quête, des doigts
Perdus en forêt des poils
Bâtons qui s’ensorcellent
Jamais loin des fesses
S’approchant, se déploient
Puis se dévoilent
Langue qui s’emmêle,
Demanderesse,
Ouvrant la voie
Sous les étoiles
Inventaire du mâle en selle
Ivresse,
Pouvoir des rois,
Cris et râles,
Avançant la nacelle
Assauts de forteresse
Poudre qui flamboie
Saint Graal
Rêve sensuel

C’est sans amour

C

C’est sans amour que je viens à toi
T’offrir un verre de nuit d’étoiles
Puis mes douces lèvres pour goûter
Un peu tout ce qui nous dévoile
Dans un temps de baisers mouillés
C’est sans amour que je pars avec toi
Dans la voiture à pas d’heure
Direction le lit à grande vitesse
Pour un soupçon de chaleur
Et des morceaux de caresses
C’est sans amour que je te fais l’amour
Dans des draps que l’on salit
En même temps que nos cris
Qui faiblissent comme mes envies
Sauf celle de te dire bonne nuit
C’est sans amour que je te quitte
Prendre le métro moche
La fatigue dans la peau
Et trouve au hasard tes mots
Glissés dans ma poche
C’est sans amour que je te revois
Pour replonger dans tes bras
Et comprendre un peu mieux
Ce qui te fait de si beaux yeux
Quand je suis contre toi
C’est sans amour que je te retiens
Depuis quelques mois maintenant
Chez toi, chez moi, dehors parfois,
Mais avec toujours au dedans
Ce je-ne-sais-quoi
C’est sans amour que je crois
Sentir cette chose dans mon cœur
Qui me permet de te dire
Que c’est sans amour que je t’aime
Pour la première fois

Enrím

Cosmonaute vagabond dans l'espace rêvé, j'essaie tant bien que mal de matérialiser tout cet imaginaire qui me traverse.

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