CatégorieDes poèmes

Tombé là-haut

T

Adossé sur la plus belle étoile électrique
Soûlé au meilleur vin de l’univers
Je me moque gentiment avec elle
De ta petite vie si terre-à-terre
De ton joli être qui ne regarde jamais le ciel
Qui ne réalise ô combien il est magnifique
Si tu savais pourtant le temps que ça m’a pris
De convaincre toutes ces foutues lumières
De s’unir ensemble au dessus de toi
Pour qu’elles puissent, peu fières,
Te faire lever la tête dans l’au-delà
Et t\’expliquer ma chute dans la nuit
Si tu savais mes remords depuis ce jour,
Celui où j’ai levé le pied, foutu ma vie en l’air,
Celui où il m’a suffit d’un rien pour décrocher
De tous mes calvaires
Je n’ai connu le pire qu’une fois tombé là-haut
Car désormais je ne peux plus t’embrasser.

Mille neuf cent quatre-vingt-dix

M

Mille neuf cent quatre-vingt-dix
Glisse-toi dans ma nuit
Homme de l’étoile éternelle
Ôte donc tes habits
Montre-toi étincelle
Ta peau est une mer blanche
Mes pauvres mains s’y noient
Je devrais punir ces doigts
Mais le loup en moi flanche
Lèvres chaudes sur lèvres glacées
Ta langue me brûle avec joie
M’apprend ce qu’est savourer
Laisse-moi venir à toi
Et mes pattes dansent encore
S’accrochent, se décrochent,
Tombent, redemandent ton corps
J’aboie, me rapproche…
Je jure mon si bien-aimé
De ne jamais oublier
Mille neuf cent quatre-vingt dix

Que faire de ta terre ?

Q

Que faire de ta terre qui m’émerveille
Si je m’y perds aveuglé par le Soleil ?
J’y marche depuis un temps
Dans le bruit continu du vent.
Je perçois par moment un oiseau
Aux plumes d’une couleur d’eau
Qui avant tout contact s’envole.
Je sens des ombres qui me collent,
Me figent dans un froid éclairé.
J’entends des sons rapprochés,
Des questions dans un écho.
Je vois tout ce rouge d’en haut…
Je sais pourtant qu’il a du bleu.
Que faire de ta terre qui m’ensorcelle
Si ma peau s’abîme par le soleil ?
J’avance pourtant encore le pied,
Je voudrais tellement y arriver.
Je devine sous moi une fissure,
L’effet d’une morsure.
Apparue trop tôt dans mon voyage,
Je parcours en décalage…
Je suis bon aventurier,
Je ne suis pas venu pour prier,
Dieu aimerait me voir tomber.
Du rouge, oui, mais, sûr, il y a du bleu…
Il y a de quoi nous rendre heureux.

Accro(c)

A

Logés dans cet espace noir,
La douce nuit d’été soupire,
Comme moi, et le vent, bavard,
Cache mes bruits de vampire
Devant ton corps de lune
Si chaire à mes crocs.

Possédé par une faim opportune
Ta peau en sucre m’appelle
J’ai, dans mon appétit de gros,
Ta viande servie dans une gamelle.
Je ne désire pas… je dois manger !
Devant moi, tout me plat.

Je ne peux plus te résister
Alors j’attaque, je te prends les bras
Je les plaque haut et loin
Je suis ta bête, tu es ma proie
Le crime parfait, aucun témoin
Je te souris le regard affamé.

Je te parcorps en langue
Ton physique est un voyage
Je m’aventure en boomerang
Ma salive en guise de tatouage
Je suis mâle dans ta peau
Et j’avance mes canines.

Mes envies sont désordres
Être d’humeur câline
Mais t’attaquer au ventre
Comme aux pieds, mordre,
Frôler ton antre,
Assimiler ton odeur…

Puis je remonte et t’embrasse
D’un baiser de toute douceur
Je te griffe à en laisser des traces
Je te sens contre moi excité
Alors je te fais douce violence
Je me livre à l’état brut.

Je descends en transe
Je t’engloutis droit au but
Ton bâton ensorcelé
Ne me fait pas peur !
J’ai une envie de magie noire
Qui ferait bondir ton cœur.

Je te retourne sans crier gare,
Je te veux encore et en corps,
Je te lèche le long du dos
Puis je descends au rebord,
M’attarde comme un cadeau…
Je te déballe comme ça m’emballe.

Je veux te faire sentir toute mon ardeur
Alors je te montre ce que je trimballe
Découvre en toi cette délicieuse chaleur
Qui me prend comme je te prends
Je me colle contre toi, bel homme,
Et dans un plaisir immense, j’entreprends.

Je vais et je viens dans mon royaume
Je suis ton souverain, tu es mon fidèle,
Mon asservi, tu es mon protégé,
Je te veux habitant de ma tour de Babel
Je t’entends crier, je me sens si excité,
Puis vient le moment de me libérer.

Je me retire, je regarde tes yeux allumés,
Je scintille à mon tour, je te veux serré
Alors je t’agrippe contre moi, ma lumière,
Puis je te projette ma voie lactée
Et retombe contre toi, sur Terre…
Nous deux dans cette nuit d’été.

Enrím

Cosmonaute vagabond dans l'espace rêvé, j'essaie tant bien que mal de matérialiser tout cet imaginaire qui me traverse.

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