AuteurEnrím

Cosmonaute vagabond dans l'espace rêvé, j'essaie tant bien que mal de matérialiser tout cet imaginaire qui me traverse.

M’allonger par rêve

M

Je veux m’allonger par rêve
Faire une sorte de grève
Imaginer tout réveillé
Jusqu’à que je crève

Voir dans une nuit étoilée
Un oiseau qui se lève
Qui dans son envolée
Soudain m’enlève

Partir en Voie Lactée
Étudier Ce Qui Nous Élève
Promis juré craché
Je serai bon élève

Je n’ai rien à dire

J

Je n’ai rien à dire
J’ai tout à écrire
De mes pensées maladives
Tremper dans l’encre-salive
La plume pour ne pas laisser les miennes
Une façon de secouer plus fort les chaînes
Je secoue mon poésiomètre
Je prends les lettres
J’en fait des mots
Mais poser S E N S
Suffit-il à donner du sens ?
Je casse mon poésiomètre
Je jette les lettres
Je serre mon cœur
J’en fait un émetteur
Je prends mes tripes
J’en fait un clip
Je gicle mes globules
J’en fait des bulles
Je prends mon être
J’en fait des l’être

 

 

(expérience n°8) – #User69

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Attention aux divulgâchements !

Ce que vous allez lire est un chapitre de l’histoire La Manufacture de l’Onirie de la série Chimères qui comprend une autre histoire : Le Monde du Dehors. Si les deux peuvent se lire indépendamment, il est conseillé de découvrir la fin du Le Monde du Dehors avant la fin de cette propre histoire !

Les chapitres du Le Monde du Dehors sont disponibles ici.
Quant à ceux de La Manufacture de l’Onirie, retrouvez-les .

(expérience n°8)

#User69

Je termine à peine un long baiser langoureux qu’une autre bouche s’offre à la mienne. Je sens des mains, douces et puissantes, me toucher de partout, même à des zones très sensibles…

Tout n’est que soupirs et gémissements dans ce labyrinthe sombre. Une musique entrainante, régulière, parfois saccadée de notes graves, nous met dans l’ambiance, même si les invités de ces lieux ont trouvé par eux-mêmes le rythme qu’ils souhaitaient donner aux autres.

Je me sens terriblement bien. Je navigue de corps en corps, caresse la surface de cette mer d’hommes offerts qui ne demande qu’à être approfondie.

Les chairs se présentent sous toutes ses formes. Leurs porteurs s’acceptent avec bienveillance et prennent là où les envies les emportent.

C’est ma première expérience sexuelle en mode virtuel. Un ami habitué m’en avait parlé mais je n’étais pas trop partant. Je craignais que cela soit trop chimère, un amour de seconde zone, un peu comme se soulager avec un jouet plutôt qu’avec un autre homme. Puis, à force de m’en parler, je me suis laissé convaincre, et je suis monté dans une de ces Capsules.

Les sensations sont incroyables. C’est comme si j’étais vraiment là-bas avec tous ces garçons qui attendent la même chose que moi. Je les sens et les saisis comme s’ils étaient réellement avec moi. Le détail de leur physique me surprend : ils sont exactement comme ils sont dans la « vraie » vie.

Pour ces moments de partage d’instincts primaires, il existe une réglementation particulière. Il est par exemple impossible de concevoir quoi que ce soit ici, si ce n’est de matérialiser certains objets déjà imaginés par les Oniric Content Designers, payants bien sûr. Aussi, on doit obligatoirement se présenter sous notre réelle apparence pour éviter de tromper l’autre et qu’il se sente trahi ! Sinon, dans les pratiques, on pouvait faire tout ce qu’on voulait dans la limite du raisonnable, tant que l’on ne blessait pas trop sérieusement…

Ce qui est surtout incroyable pour moi, c’est de pouvoir me mélanger avec d’autres hommes venus des quatre coins du monde, d’avoir cette diversité que je n’aurais sans doute pas eu en vrai. Je ressens tout. Je vis tout. Je le dis avec un peu de honte : je n’ai jamais ressenti un tel orgasme.

(témoignage n°8) – Mathieu

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Attention aux divulgâchements !

Ce que vous allez lire est un chapitre de l’histoire Le Monde du Dehors de la série Chimères. Pour éviter de vous faire divulgâcher, retrouvez tous les chapitres sur cette page !

(témoignage n°8)

Mathieu

« Les jours passent et se ressemblent. Notre pire ennemi, c’est l’ennui. Quand on ne fait rien, on pense à toute la merde qui nous est tombée dessus : on pleure, on se met en colère, et on déverse notre rage sur son voisin. D’abord, c’est verbal, puis c’est physique. Et ça se bat à deux, puis à trois, six, douze… et ça part à l’émeute. Le chaos, on fait tout pour ne jamais l’avoir, avec Yann et Roxane. Faut dire qu’il suffit à Yann de se montrer, vu son physique, ça calme direct… ouais d’accord : mais jusqu’à quand ? Un jour, on le sait, il n’impressionnera plus. Ou il va finir par être hors d’état de nuire. J’entends par là, le crâne explosé avec n’importe quel bâton pointu que n’importe qui peut fabriquer en deux-deux. Alors, même si je me démerde assez en combat, avec Roxane, on essaye de réfléchir à des méthodes plus subtiles que la force brute de dissuasion. Et on s’est dit qu’il fallait les occuper, les Têtes Baissées. Alors plutôt que de leur attribuer des tâches monotones, on essaye de leur faire jouer un rôle différent chaque jour que Dieu fait -enfin, par Dieu, façon de parler : s’il existe mais quel connard ! -. Les cueilleurs deviennent guetteurs, les guetteurs chasseurs, les chasseurs voyageurs, les voyageurs cueilleurs… enfin, tu vois le truc. On se réunit même tous chaque soir dans la plus grande des pièces souterraines pour se raconter nos histoires. Celles d’avant. Quand on avait encore du ciel bleu, qu’on pouvait entendre les oiseaux, respirer de l’air frais même s’il était déjà pollué. Quand on vivait dans le bonheur. Car, malgré tous nos soucis, on vivait. »

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Je te regarde comme si c’était la première fois. Je me demande si tu vois comme moi. Plutôt : si tu sens comme moi. J’ai plongé dans une lumière. Je me suis senti emporter dedans et y avoir déversé ma cervelle, mon cœur, mes tripes, mon sang. J’y ai mis tout mon être. J’ai accepté de troquer mes sens et mes repères pour ressentir et aimer. C’est comme écrire sans se relire, placer la virgule, placer les virgules,,, laisser que des virgules,,,,, les virgules, virguleront, ,

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L’Après

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Il paraît que le ciel est grand, qu’on finira tous par tomber dedans. Ce n’est pas la vie qui nous offrira une vue aérienne, c’est ce qui suivra après. L’Après, d’ailleurs, on y pense tous souvent alors qu’on est dans le Pendant. L’Avant, pourtant, on n’y pense jamais.

Je regarde tout au-dessus de moi et me demande où sera ma place, si je serais sur un de ces nuages ou alors faudra-t-il encore se battre pour gagner sa place. Peut-être même qu’il existe des niveaux et que plus on est haut et plus on peut faire le beau. J’espère qu’on dépassera la Terre et qu’on finira dans les étoiles, qu’on pourra voyager partout où l’on voudra. Et si on l’espace est infini, et s’il est aussi beau des quelques photos que l’on tire d’ici, cela explique pourquoi personne est revenue ici.

J’espère de tout mon cœur que nous serons des voyageurs, éternels dans ce qui ne se finit jamais, que l’on ira espionner en douce la vie qui s’étend ailleurs, que l’on rigolera très fort quand on verra comment on les avait imaginés dans nos papiers et nos écrans. On rencontrera alors dans cet Après d’autres espèces qui ont aussi terminé leur vie, et, par un temps qui ne nous concerne plus, on finira par tous se comprendre et apprendre.

Voilà une idée qui me rassure dans le Pendant. S’il y a bien une chose que je crains, c’est de penser que seul le Néant nous attend.

(expérience n°7) – #User51

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Attention aux divulgâchements !

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(expérience n°7)

#User51

Mes plumes se balancent dans la danse du vent. L’épaisseur des nuages s’amincit, puis, soudain, j’aperçois la cime des montagnes enneigées. Je ressens le froid mais je résiste à sa morsure.

Ma vue transperce l’horizon et j’analyse des détails que je n’aurais jamais pu remarquer à une telle distance. Un renard blanc joue avec un autre, tandis qu’un ours traverse, lentement mais puissamment, le blanc manteau.

Je savoure surtout cette envolée dans la nature sauvage. Jamais de toute ma vie je n’ai ressenti une telle sensation. Je vole à des centaines de mètres sans ressentir la moindre peur ou un soupçon de vertige… comme si j’avais fait ça toute ma vie !

Je replie mes ailes longues et étroites le long du corps pour me laisse piquer presque à la verticale avant de remonter avec une certaine grâce.

Je navigue dans l’océan du ciel, j’improvise une abracadabrante chorégraphie d’oiseau dont moi seul ai le secret.

De mon bec tordu jusqu’aux serres, je vis ma plus belle vie de rapace.

L’espace d’un instant, j’oublie que j’ai toujours été paralysé sur un fauteuil roulant.

Je ne me suis jamais senti aussi vivant.

(témoignage n°7) – Priyanka

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(témoignage n°7)

Priyanka

« C’était déjà difficile d’être une femme dans le monde d’avant alors imaginez dans le monde d’après… surtout quand vous êtes d’origine indienne ! Si vous n’êtes pas un homme, et encore moins blanc de peau, certains vous le font bien savoir en venant vous dire que votre présence dans la Grotte est « illégitime » ! Heureusement, Isabelle et Seb ont deux caractères bien trempés. Quand ils ont été nommés Dirigeants, ils ont aussitôt crié haut et fort que ceux qui se comporteraient mal avec les autres seraient punis ! Ils ont d’ailleurs mis des femmes dans l’organisation, moi y compris, pour montrer qu’on avait bien toutes notre place dans la Grotte ! Mais avec toute la volonté du monde, du moins ce qu’il en reste, on ne peut jamais empêcher les gens de penser… et je sens de temps en temps des mauvais regards. Voilà pourquoi je ne reste jamais seule… ne sait-on jamais. Les quelques femmes qui ont osé aborder ce sujet m’ont raconté qu’elles avaient le même sentiment d’insécurité que moi. J’espère qu’on pourra faire évoluer rapidement les mentalités. Ce sera difficile, je le sais. Beaucoup vous diront que la priorité c’est de survivre. Vivre, ça viendra après. »

Aussi soudain

A

Aussi soudain, pas le temps de réfléchir, les choses se donnent, le cœur les prend comme elles sont. Elle est la clairière, elles sont les pierres. Elle reçoit les coups, les absorbe et se trouble.  Elle les prend dans leur état brut, elle qui sait que son eau ne peut jamais être calme. Elles alimenteront son courant, elle qui, depuis toujours, ressent tout depuis sa source, elle qui, depuis la nuit des temps, se déverse dans le corps des gens.

De la nuit à récupérer

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J’ai de la nuit à récupérer alors j’ai pris ma tenue spéciale, une combinaison intégrale, direction l’Intersidéral. J’ai préparé ma navette fabriquée maison, mis tous mes bons souvenirs dedans, puis j’ai décollé dans le Moment de Sans Lumière. Une fois au Dessus de Tout, j’ai saisi mon AspirOmbre, j’ai pris ce qu’il y avait autour. J’ai pris des morceaux puis les étoiles se sont un p’tit peu rapprochées. Je n’ai aucun regret car, ici, la nuit est telle que tout le monde en profitera encore pendant des milliards d’années. Puis, de la nuit qui reste toujours dans la nuit, c’est nul, ça ne sert à rien. C’est dans le jour que l’on voit que la nuit est nuit.

De retour en Dessous de Tout, j’ai vidé tout le sac de mon AspirOmbre dans ma Boîte à Fabriquer des Rêves Qui se Veulent Réelles, ma Boîte à Rêvalités, et j’ai vu dans les moments les plus sombres de la lumière qui nous rattache à nous.

Enrím

Cosmonaute vagabond dans l'espace rêvé, j'essaie tant bien que mal de matérialiser tout cet imaginaire qui me traverse.

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