Attention aux divulgâchements !
Ce que vous allez lire est un chapitre de l’histoire Le Monde du Dehors de la série Chimères. Pour éviter de vous faire divulgâcher, retrouvez tous les chapitres sur cette page !
(témoignage n°13)
Baptiste
« Ca y est… le Conseil a rédigé un code. Rien à voir avec les codes qu’on avait connus dans le monde d’avant, mais, au moins, nous pouvons désormais nous baser sur un socle en cas de différend entre Têtes Baissées. Il s’agit plutôt de règles de bonne conduite, des choses qui, à mon sens, me paraissent évidentes à respecter. Les règles sont surtout pénales. On a du « Tu n’infligeras aucun mal à ton prochain », du « Tu ne disposeras d’une arme que pour te défendre et/ou défendre la Grotte » ; ou encore du « Tu bénéficieras de la présomption d’innocence ». Il y avait aussi quelques règles civiles, que je passe pour ne pas gâcher le papier rare de ton carnet. C’est normal d’avoir beaucoup de pénal quand on vit dans un monde de chaos et de désolation : le moins que l’on puisse faire c’est de maintenir un ilot de paix et d’ordre. Espérons qu’on y arrivera avec le Code. Oui, il s’appelle tout bêtement « le Code ». Ils étaient venus me voir, Seb et Isabelle, et ils m’avaient demandé de le rédiger. J’avais refusé en leur disant que je ne pouvais pas juger des Têtes Baissées sur la base de règles écrites de mes propres mains. Il fallait respecter Montesquieu avec la séparation des pouvoirs. Je leur ai suggéré de désigner les membres du Conseil, à savoir Priyanka, Raphaël et Erwan, comme législateurs. Ainsi, le Code serait mieux accepté de tous. Sur le moment, les Dirigeants m’ont sans doute considéré comme un connard intellectuel prétentieux mais ils ont compris qu’il était nécessaire de procéder ainsi. Je leur ai toutefois soufflé quelques idées, comme d’écrire des règles simples et courtes comme des commandements sacrés. Si nul n’est censé ignorer la loi, encore faut-il que celle-ci soit accessible et donc intelligible. Ce qui n’était pas souvent le cas dans le monde d’avant. J’ai relu le Code et, même si j’ai grimacé sur une ou deux dispositions, il me semble bon dans son ensemble. On avait écrit les règles en belles règles sur un grand mur d’une des cavités. On a pensé que cet endroit pourrait servir pour le Conseil, puis, pour moi s’il fallait mettre en place un tribunal. On a fait lire les règles à chacun des membres. On les a tous fait passer un par un et on leur a demandé, avec le ton le plus sérieux du monde, de les lire entièrement. On les a même énoncées oralement aux deux ou trois qui ne savaient pas lire. Je me sens personnellement mieux depuis la création du Code. Le droit, ça m’a toujours apaisé. »