(témoignage n°11)
Seb
« Tu me demandes la situation aujourd’hui, là, maintenant ? Je te dis qu’on tient. Mais peut-être que dans une semaine, non demain, pourquoi pas une heure, on se fera tous baiser comme des chiennes. Ta question en fait elle sert à rien. On est dans un monde qui est parti dans les enfers, on est en plein milieu des flammes, on a juste trouvé un endroit où ça crame moins. Ce qu’on fait c’est éteindre un poil de cul de ce qui nous entoure. Je suis pas pessimiste, juste réaliste. Mais vu que je suis chef avec Isabelle, je me dois de montrer que tout va bien mais ce que je ressens, ouais, là, au fond de mes tripes de vieux gars, c’est ça. Je le dis qu’à toi car tu es bien l’un des seuls en qui je fais confiance. Je sais que je peux tout te piper, que tu vas juste le noter dans tes feuilles. Car tu aimes garder une trace comme moi j’ai envie de le faire avec ce groupe. On a des défauts, on a encore des hommes et des femmes à convaincre, car en fait sous leur colère ils ont la trouille, mais comment leur vouloir putain. Tout est parti en couille. C’est la merde. Mais si on peut juste ne plus leur faire sentir l’odeur ça sera déjà ça. Je vais réussir, crois-moi. Je le sais car Isabelle, Yann, et tous les autres, on le veut. Je le vois dans leurs yeux. Ça ment pas ça, les yeux. Ça se saurait. Je le sentirais. Alors, c’est la merde ouais. Mais demain, il y en aura moins car on va tous mettre les mains dedans pour l’enterrer. C’est ça, ouais, l’enterrer avant que ça soit elle qui le fasse. »