Il est tard tôt / tôt tard. Je déclenche une magie ancienne, longtemps oubliée dans un ouvrage poussiéreux retrouvé au fond d’un grenier, pour que les mots \tard\ et \tôt\ s’animent puis se mettent perpétuellement l’un devant l’autre.
Il est tôt tard / tard tôt. Une heure de nuit-jour jour-nuit, une heure où on ne sait pas se dire si on est un lève-tôt ou un couche-tard. Une heure de pute. Ça me baise à l’intérieur, j’en suis déglingué. Je suis l’homme facile des yeux qui s’ouvrent aux moments où ils devraient rester fermés. J’ouvre les yeux plus loin encore. Je me réveille ici, mais aussi ailleurs, par delà l’horizon, à mi-chemin entre le jour et la nuit. Bonjour à la nuit, bonne nuit au jour.
Il est tard tôt / tôt tard. Mon corps reste figé dans le lit chaud. Pourtant, un froid me traverse. Je sens le vent caresser mon visage, mais la fenêtre est fermée. Je tends la main et touche du bout de mes doigts le monde du dehors. Je marche. J’entends le bruit de mes pas dans les feuilles. Ça craque comme j’aime.
Il est tôt tard / tard tôt. Je tombe dans le ciel. Les couleurs se battent entre elles. Je gravite vers le soleil et la lune. Je nous vois en tout petits sous ma couverture et dans l’atmosphère. Je ressens un mélange.
Il est tôt tard / tard tôt / tôt tard / tard tôt / tôt tard / tard tôt /