Certaines de mes pensées font ressurgir la Voix du Dedans.
C’est un souffle froid, sorte de mouvement d’air mal fabriqué, logé au plus profond de mes éclats mentaux les plus fragiles. Je ne l’entends pas comme une personne qui parle. C’est plutôt une musique jouée à l’envers par un instrument à vent inconnu au répertoire.
Je la visualise par un matin d’hiver : je sors de la maison, je marche sur le manteau blanc, le soleil se lève. Tout est beau et calme, mais ça m’angoisse. Mes pas s’enfoncent, soudain, la Voix du Dedans me murmure que je ne marcherai plus. L’astre m’éclaire le chemin, mais la Voix du Dedans me chuchote qu’il ne me réchauffera plus. Chaque chose que j’exécute se noircit sous ses intentions malveillantes.
Le pire, c’est que je ne peux pas lui en vouloir : c’est une invention faite maison, personnalisée uniquement pour moi. Quelqu’un d’autre ne pourrait ni la voir ni l’appréhender. Je suis seul face à cette Voix du Dedans. Parfois, je ne la perçois même pas, mais, par d’autres moments, elle hurle et constitue mon seul bruit de vie. Dans ces instants, je ne me sens plus moi et j’attends que ça passe.
C’est un matin d’hiver, le soir d’été reviendra, me dis-je.