J’aimerais t’écridire que les mots me viennent aussi facilement qu’un sorcier se lie à sa magie… mais ce serait te mentir.
Je ne suis pas de celles, de ceux, qui, à peine réveillés, deviennent ces guerriers qui lèvent des armées de lettres sur le papier.
Je les envie comme les enfants face à leurs héros, et serre leurs livres contre moi comme les enfants avec leurs figurines.
Peut-être est-ce là mon soucis : être encore un enfant qui n’arrive pas à grandir dans le langage. J’observe, je lis, mais dès qu’il faut agir, j’agis dans la maladresse d’un esprit complexé qui peine à se dégourdir.
J’aimerais t’écridire que toutes mes idées se matérialisent, que je suis une mère de centaines d’histoires. Qu’elles ne restent pas au fin fond de ma tête pour mourir avant de naître.
Il existe en moi des barrières que je ne souhaiterais plus connaître. J’ai beau me projeter contre elles, je me casse la gueule sans leur faire le moindre dégât. Mes pensées restent dans des boîtes qui ne s’ouvrent pas et prennent la poussière dans le temps qui passe.
Je suis acteur d’un film muet qu’on ne sous-titre pas. Mes couleurs bouillonnent mais on n’en voit que le blanc et le noir.
Alors, même si je ne peux pas t’écridire ce que je suis vraiment, je te lance quelques mots que tu interpréteras comme tu le voudras, de simples mots, que tu attraperas comme tu les liras.
éterminute travers
de la/l’être