Soudain, je sens une manifestation nocturne de la pierre molle, version saignante. Me voilà coincé avec le palpitant qui veut se faire entendre.
De quoi, donc ? Un cœur parle à sa façon, la raison a cessé de le comprendre. Des spécialistes de la traduction cardiaque ont pris la parole. Certains affirment qu’il faut prendre en compte le nombre de battements, d’autres la fréquence. D’aucuns vous diront que déchiffrer ce qu’on a dans la poitrine est complexe, et que seul son propriétaire peut en tirer le sens. Baratins, vérités, ou les deux.
Je m’improvise docteur du réceptacle. Je m’intériorise, je m’immisce dans ma chair, dans mon sang. Je me visualise nu, les organes en pleine nuit. C’est qu’il bat fort, ce bougre. Je le fixe pendant de longues minutes. Je n’y comprends rien.
D’un coup, je relève une vibration. Discrète, mais présente. Je m’y concentre. Elle s’émet aux globules qui la transmettent aux veines qui la propagent aux organes. À tout. C’est la clé.
Je la prends entre mes mains. Je la rentre dans la serrure du cœur. Je l’entendais déjà mais je l’écoute pour la première fois. C’est terrifiant. C’est beau.