Chimères II : La Manufacture de l’Onirie

C

(expérience n°7)

#User51

Mes plumes se balancent dans la danse du vent. L’épaisseur des nuages s’amincit, puis, soudain, j’aperçois la cime des montagnes enneigées. Je ressens le froid mais je résiste à sa morsure.

Ma vue transperce l’horizon et j’analyse des détails que je n’aurais jamais pu remarquer à une telle distance. Un renard blanc joue avec un autre, tandis qu’un ours traverse, lentement mais puissamment, le blanc manteau.

Je savoure surtout cette envolée dans la nature sauvage. Jamais de toute ma vie je n’ai ressenti une telle sensation. Je vole à des centaines de mètres sans ressentir la moindre peur ou un soupçon de vertige… comme si j’avais fait ça toute ma vie !

Je replie mes ailes longues et étroites le long du corps pour me laisse piquer presque à la verticale avant de remonter avec une certaine grâce.

Je navigue dans l’océan du ciel, j’improvise une abracadabrante chorégraphie d’oiseau dont moi seul ai le secret.

De mon bec tordu jusqu’aux serres, je vis ma plus belle vie de rapace.

L’espace d’un instant, j’oublie que j’ai toujours été paralysé sur un fauteuil roulant.

Je ne me suis jamais senti aussi vivant.

Enrím

Cosmonaute vagabond dans l'espace rêvé, j'essaie tant bien que mal de matérialiser tout cet imaginaire qui me traverse.

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