CatégorieDes pensées

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Je te regarde comme si c’était la première fois. Je me demande si tu vois comme moi. Plutôt : si tu sens comme moi. J’ai plongé dans une lumière. Je me suis senti emporter dedans et y avoir déversé ma cervelle, mon cœur, mes tripes, mon sang. J’y ai mis tout mon être. J’ai accepté de troquer mes sens et mes repères pour ressentir et aimer. C’est comme écrire sans se relire, placer la virgule, placer les virgules,,, laisser que des virgules,,,,, les virgules, virguleront, ,

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L’Après

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Il paraît que le ciel est grand, qu’on finira tous par tomber dedans. Ce n’est pas la vie qui nous offrira une vue aérienne, c’est ce qui suivra après. L’Après, d’ailleurs, on y pense tous souvent alors qu’on est dans le Pendant. L’Avant, pourtant, on n’y pense jamais.

Je regarde tout au-dessus de moi et me demande où sera ma place, si je serais sur un de ces nuages ou alors faudra-t-il encore se battre pour gagner sa place. Peut-être même qu’il existe des niveaux et que plus on est haut et plus on peut faire le beau. J’espère qu’on dépassera la Terre et qu’on finira dans les étoiles, qu’on pourra voyager partout où l’on voudra. Et si on l’espace est infini, et s’il est aussi beau des quelques photos que l’on tire d’ici, cela explique pourquoi personne est revenue ici.

J’espère de tout mon cœur que nous serons des voyageurs, éternels dans ce qui ne se finit jamais, que l’on ira espionner en douce la vie qui s’étend ailleurs, que l’on rigolera très fort quand on verra comment on les avait imaginés dans nos papiers et nos écrans. On rencontrera alors dans cet Après d’autres espèces qui ont aussi terminé leur vie, et, par un temps qui ne nous concerne plus, on finira par tous se comprendre et apprendre.

Voilà une idée qui me rassure dans le Pendant. S’il y a bien une chose que je crains, c’est de penser que seul le Néant nous attend.

Aussi soudain

A

Aussi soudain, pas le temps de réfléchir, les choses se donnent, le cœur les prend comme elles sont. Elle est la clairière, elles sont les pierres. Elle reçoit les coups, les absorbe et se trouble.  Elle les prend dans leur état brut, elle qui sait que son eau ne peut jamais être calme. Elles alimenteront son courant, elle qui, depuis toujours, ressent tout depuis sa source, elle qui, depuis la nuit des temps, se déverse dans le corps des gens.

De la nuit à récupérer

D

J’ai de la nuit à récupérer alors j’ai pris ma tenue spéciale, une combinaison intégrale, direction l’Intersidéral. J’ai préparé ma navette fabriquée maison, mis tous mes bons souvenirs dedans, puis j’ai décollé dans le Moment de Sans Lumière. Une fois au Dessus de Tout, j’ai saisi mon AspirOmbre, j’ai pris ce qu’il y avait autour. J’ai pris des morceaux puis les étoiles se sont un p’tit peu rapprochées. Je n’ai aucun regret car, ici, la nuit est telle que tout le monde en profitera encore pendant des milliards d’années. Puis, de la nuit qui reste toujours dans la nuit, c’est nul, ça ne sert à rien. C’est dans le jour que l’on voit que la nuit est nuit.

De retour en Dessous de Tout, j’ai vidé tout le sac de mon AspirOmbre dans ma Boîte à Fabriquer des Rêves Qui se Veulent Réelles, ma Boîte à Rêvalités, et j’ai vu dans les moments les plus sombres de la lumière qui nous rattache à nous.

J’aimerais t’écridire

J

J’aimerais t’écridire que les mots me viennent aussi facilement qu’un sorcier se lie à sa magie… mais ce serait te mentir.

Je ne suis pas de celles, de ceux, qui, à peine réveillés, deviennent ces guerriers qui lèvent des armées de lettres sur le papier.

Je les envie comme les enfants face à leurs héros, et serre leurs livres contre moi comme les enfants avec leurs figurines.

Peut-être est-ce là mon soucis : être encore un enfant qui n’arrive pas à grandir dans le langage. J’observe, je lis, mais dès qu’il faut agir, j’agis dans la maladresse d’un esprit complexé qui peine à se dégourdir.

J’aimerais t’écridire que toutes mes idées se matérialisent, que je suis une mère de centaines d’histoires. Qu’elles ne restent pas au fin fond de ma tête pour mourir avant de naître.

Il existe en moi des barrières que je ne souhaiterais plus connaître. J’ai beau me projeter contre elles, je me casse la gueule sans leur faire le moindre dégât. Mes pensées restent dans des boîtes qui ne s’ouvrent pas et prennent la poussière dans le temps qui passe.

Je suis acteur d’un film muet qu’on ne sous-titre pas. Mes couleurs bouillonnent mais on n’en voit que le blanc et le noir.

Alors, même si je ne peux pas t’écridire ce que je suis vraiment, je te lance quelques mots que tu interpréteras comme tu le voudras, de simples mots, que tu attraperas comme tu les liras.

                                             éterminute travers
de la/l’être

Issue psychique

I

Parfois, j’en ai trop marre, et j’entrevois une issue psychique. Merci à nos pouvoirs extraordinairement humains pour ça. Une porte, une fenêtre, une trappe, même un gouffre, je prends, je saute dedans. Je joue les lâches et les peureux, mon corps reste, mon esprit s’échappe. Je pars. Loin de la réalité. Au plus profond de mon imaginaire.

L’espace d’un temps, que je veux pour éterminute, mon existence d’homme sur Terre n’est plus. Je suis aventurier et voyageur, je ne vis que pour la chose improbable qui n’est là-bas qu’une évidence. Je discute avec des chats-pieuvres en buvant de la fumée alcoolisée dans le bar le plus connu de la planète naine de Zmar.

Si vous me sentiez un peu bizarre, j’accepte, car l’étrange et l’improbable, c’est mon sang et mon oxygène. Je veux conserver la puissance de l’enfant à déformer tout le temps le vrai mais avec une réflexion d’adulte. Je veux être un adultenfant.

Je m’échappe cette fois-ci dans les étoiles et je reviendrai par la porte de ma chambre.

Des chaussures bleues si bleues

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J’avais mis des chaussures bleues si bleues que j’en avais eu des remarques. Je les aimais bien, ces chaussures bleues si bleues. Je trouvais que marcher avec des chaussures bleues si bleues sur le gris si gris du béton c’était comme mettre des beaux morceaux de ciel dégagé dans le mauvais temps.

Je portais un costume bleu, voilà pourquoi je portais des chaussures bleues, même si elles étaient si bleues que cela m’avait été remarqué. Pourtant, cela me donnait des airs de Monsieur Météo secret, celui qui pouvait changer le temps juste en marchant. Il suffirait alors de me voir au loin, de porter de l’attention à ce que je fais plutôt que de me faire constater que mes chaussures bleues sont si bleues. Alors on verrait alors que je suis un Marcheur de Beau Temps.

Je crève les nuages dans un passage, je permets aux passants de chercher le Soleil dans mes pas, je donne du Paradis en touchant le sol, et ça c’est du talon qui n’appelle aucune remarque.

Dans les murs

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J’ai un secret bien gardé dans mes poches. Je le garde au chaud, au plus près de moi, de peur qu’on me le vole… je ne le dis qu’à vous : je peux me cacher dans les murs !

Je m’approche de l’un d’eux, je pose ma main dessus, et, à ce moment-là, je sens une chaleur émaner de ma paume. Je peux décider d’agir comme de ne rien faire. Le plus sympa c’est quand même d’y aller alors, en une volonté, je me fais absorber.

Je me retrouve alors de l’autre côté. Pas sur mais dans la paroi. Je peux glisser partout à travers le matériau. On ne me voit pas mais j’observe tout. Dans une maison, si toutes les pièces se touchent sans obstacle, je peux aller partout, même jusque dans les tuiles du toit.

Je peux me glisser dans n’importe quel lieu dit confidentiel, voire même qualifié de secret défense. Je suis un espion premium. Je connais depuis le temps des informations improbables qui feraient mieux de ne pas tomber entre de mauvaises mains mais je n’en fais rien avec. Je me sens un peu comme un gardien des chuchoteries. J’aime tout savoir sans que personne ne me soupçonne.

Pour revenir, rien de plus simple, il suffit que je le désire, et je redeviens ce que je suis à l’endroit où je souhaite sortir. Ça signifie que ça peut être n’importe où. Une fois, j’ai déconné, je me suis rematérialisé de haut et j’ai chuté dans le vide. Heureusement, il y avait un lac en contrebas et je suis tombé dans l’eau. Je me suis quand même fait mal et mon médecin a fait une drôle de tête quand il a vu mes blessures.

Bref, j’ai un pouvoir qui me permet d’aller dans les murs et, paradoxalement, je me sens vivre sans barrière.

La Voix du Dedans

L

Certaines de mes pensées font ressurgir la Voix du Dedans.

C’est un souffle froid, sorte de mouvement d’air mal fabriqué, logé au plus profond de mes éclats mentaux les plus fragiles. Je ne l’entends pas comme une personne qui parle. C’est plutôt une musique jouée à l’envers par un instrument à vent inconnu au répertoire.

Je la visualise par un matin d’hiver : je sors de la maison, je marche sur le manteau blanc, le soleil se lève. Tout est beau et calme, mais ça m’angoisse. Mes pas s’enfoncent, soudain, la Voix du Dedans me murmure que je ne marcherai plus. L’astre m’éclaire le chemin, mais la Voix du Dedans me chuchote qu’il ne me réchauffera plus. Chaque chose que j’exécute se noircit sous ses intentions malveillantes.

Le pire, c’est que je ne peux pas lui en vouloir : c’est une invention faite maison, personnalisée uniquement pour moi. Quelqu’un d’autre ne pourrait ni la voir ni l’appréhender. Je suis seul face à cette Voix du Dedans. Parfois, je ne la perçois même pas, mais, par d’autres moments, elle hurle et constitue mon seul bruit de vie. Dans ces instants, je ne me sens plus moi et j’attends que ça passe.

C’est un matin d’hiver, le soir d’été reviendra, me dis-je.

Des flots

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De tout cet amour, il n’en reste que des flots qui t’emparent, te tirent et te poussent, là où bon leur semble.

Nage, mon grand, nage.

Les vagues salées qui roulent sur ta gueule te font croire qu’il faut que tu retrouves le rivage, qu’il sera bon pour toi de marcher sur le doux sable chaud. Cette terre, cette bulle, qui t’apporte un sentiment de réconfort n’est qu’un leurre. Elles sont bien trop nombreuses, bien trop puissantes, pour que ton petit cœur si chahuté puisse y faire quelque chose. Elles ne veulent que te voir te fatiguer davantage et mourir à petite eau. N’oublie pas, les vagues, on ne les a qu’en superficie. Alors, fais ce que la survie ne te pousse pas à faire : ne prends pas pied.

Coule, mon grand, coule.

Sans te noyer. Oublie les règles et les principes si propres à ta condition humaine. Écoute plutôt l’animal qui veille sur ton âme, que tu as si longtemps négligé. Rallume dans ton sang épais cet instinct primitif. Scrute, renifle, grogne même. L’environnement n’est pas hostile si tu sais t’en servir. Alors, sers-t’en. Chasse ce qui peut être chassé. Fais en sorte que la pêche soit bonne. Dans cet océan de sentiments, tu n’es pas la victime mais le prédateur.

Vis, mon grand, vis.

 

Enrím

Cosmonaute vagabond dans l'espace rêvé, j'essaie tant bien que mal de matérialiser tout cet imaginaire qui me traverse.

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