Il était minuit passé, le téléphone sonna. Je décrochai avec excitation : c’était la Lune à l’appareil. Elle souhaitait savoir si je pouvais, encore une fois, aller la voir sur la colline. Je lui répondis que ce n’était pas un problème, qu’au contraire c’était même un plaisir. Elle rigola doucement. « À tout de suite ! » me dit-elle avant de raccrocher. Sans perdre une seconde, je mis mes petites chaussures légères, ma veste bourrée de billets doux que j’avais écrits toute la journée pour elle, et je partis la rejoindre.
La fraîche brise caressa doucement ma nuque, joua tendrement avec mes cheveux. Brusquement, je levai la tête et l’aperçus. Elle était comme toujours d’une beauté infinie mais d’une jalousie sans pareille. Elle regarda de travers le vent et lui ordonna sèchement de ne plus me toucher et de partir. Et soudain, je ne sentis plus un souffle me parcourir. Il ne se l’était pas fait répéter deux fois et était parti effrayé. Ma compagne me lança tout à coup un regard si affectueux qu’il me fit, malgré moi, sourire et agita mon cœur.
Après quelques minutes d’impatience, j’arrivai au sommet, le seul endroit de la ville où je pouvais me trouver au plus proche d’elle, où je pouvais presque la caresser du bout de mes doigts. Elle brilla plus que jamais. Je l’entendis glousser dans son coin. Elle tentait de me séduire et elle y arrivait sans difficulté. Je sortis d’une de mes débordantes poches une lettre, au hasard.
« Ma Lune, tu n’es peut-être pas un de ces milliers d’étoiles qui t’entourent mais tu es parmi elles la plus belle. Ton éclat est tel qu’au lieu de m’aveugler il m’éclaire et me fait comprendre que ma vie sans toi ne serait pas la même. Emmène-moi dans ton monde, ma Lune, je te promets de t’aimer à jamais. »
– Bientôt, mon rêveur, tu pourras me rejoindre, me répétait-elle mystérieusement.
Et, comme chaque fois, je lui lus alors d’autres déclarations, les unes à la suite des autres, jusqu’au petit jour où elle me souffla délicieusement à l’oreille « À la prochaine… » avant de disparaître.