Ce n’est que moi
‘Ce n’est que moi, amour. Je ne fais que passer. J’ai trouvé un moyen de descendre, je ne me suis pas gêné.
Je dis “descendre” mais je ne sais pas vraiment quel mot je dois employer. Si ça se trouve, je suis “monté”. Ou alors j’ai “basculé” de l’autre côté. Ou bien encore j’ai “traversé” un espace multi-dimensionnel.
Quoi qu’il en soit, je suis là.
Je ne saurais jamais te décrire ces endroits. Mon français n’est pas assez riche. J’ai bien peur qu’aucune langue humaine puisse m’aider. Ça se sent, surtout. Ça se module en fonction des sentiments.
Parfois, j’ai des échos d’autan. Dans d’autres moments, des images qui viennent d’ailleurs.
Tout est logique. Contradictoire. Attirant. Effrayant. Chaud. Froid.
J’aimerais te conclure “la vie, quoi” mais tu sais que la situation est plus compliquée pour moi.
Là-bas, le temps ne s’écoule pas. Je me vois comme je suis parti, la blessure en moins. Je n’ai pas faim. Je me sens fantôme sans l’être. Les sentiments restent.
On parle de moi, on parle de moi… mais toi ? Tu me sembles avoir un peu vieilli depuis mon départ.
Comment ressens-tu ma présence ?
Suis-je une voix dans ta tête ? Une chaleur au fond de ton cœur ? Une odeur sur un vêtement ? Un souvenir d’été ? Une vision floue ? Est-ce agréable ? Insupportable ?
Tu vois, j’ai plus de questions que de réponses.
Une chose est sûre, tu me manques… mon loup.’