21. Un étrange rituel
Cela faisait des heures qu’elle(s) n’avaien(t) pas eu de nouvelles d’Estelle Zu, et cela la(les) inquiétai(ent) terriblement.
Elle(s) avaien(t) senti que le lien, cette corde mentale épaisse et solide, était encore présent, que la pianiste était encore à l’autre bout. Mais aucune d’entre elle(s) ne pouvaient plus la ressentir, la toucher du bout de son(leur) esprit. Cela générait en elle(s) un affreux sentiment d’absence qu’elle(s) aurai(ent) souhaité ne pas avoir, surtout en ce moment crucial.
Après la deuxième mort de l’une de ses existences, Estelle avait décidé d’employer les grands moyens et de ne plus se cacher face au danger qui la (les) guettai(en)t. Elle voulait montrer à ses inconnus prédateurs qu’elle étai(en)t une(des) femme(s) forte(s). Qu’ils viennent ! Elle(s) les attendai(en)t.
Mais même si Estelle avait un certain niveau d’intelligence, ce qu’elle savait reconnaître sans aucune prétention, elle constatait que beaucoup de choses lui échappait.
Au fil du temps, elle avait senti, au plus profond de son(ses) être(s), qu’elle avait la possibilité de faire quelque chose d’extraordinaire.
Un soir, tard, elle voulut mettre en pratique ce qu’elle considérait être une sorte de pouvoir. Elle ne l’avait jamais mise en œuvre jusqu’à présent même si quelque chose lui soufflait dans son cœur que si.
Toutes ses elles s’enfermèrent respectivement dans une pièce à l’abri des regards indiscrets. Elle(s) avai(en)t alors senti une certaine réticence d’Estelle Zu à cette expérience, mais sa curiosité avait été plus forte que tout et celle-ci avait finalement fini par accepter. Depuis quand l’une de ses vies pouvait penser différemment de toutes les autres ? Estelle s’en étonnait à peine : tout avait été chamboulé depuis le meurtre de l’écrivaine.
Ce soir-là, donc, chaque Estelle s’isola. Elles s’assurèrent que chaque porte soit fermée à clef, que chaque fenêtre soit cachée par les volets ou les stores. Elles éteignirent également leur téléphone, ainsi que toute lumière. Elle(s) devai(en)t avoir tout, absolument tout, sous contrôle. Rien ni personne ne devait les perturber ou les interrompre.
C’est alors, dans le noir le plus total, dans le silence le plus complet, que débuta un étrange rituel. Chaque corps eut les mêmes mouvements au même moment. Elles agirent de concert, ne formant plus qu’une. Elles avaient dans un premier temps les bras dans en l’air. Il ne passa tout d’abord rien, puis, soudain, une lueur argentée éclaira la paume de leurs douces mains qu’elles posèrent délicatement sur leur ventre. Elles y sentirent quelque chose, comme si elles étaient enceintes. Sauf que ce n’était pas dans leur peau. Ce n’était pas dans leur chair. C’était là et pas là à la fois. Pourtant, ici et quelque part, en elle(s) une force venait de tirer le lien qui les tenait.
Une autre Estelle venait d’apparaître dans un autre monde.
Elle était physiquement forte.
Elle se nommait Estelle Parn.
Une seconde plus tard, chaque Estelle, y compris la nouvelle existence, s’évanouit. Elle(s) ne se rappellera(èrent) jamais de ce qui s’était passé. Elle(s) sera(ont) même convaincu que cette nouvelle Estelle était là avec elle(s) depuis le départ. Elle(s) se créera(ont) des souvenirs qui n’en n’étaient pas.