AuteurEnrím

Cosmonaute vagabond dans l'espace rêvé, j'essaie tant bien que mal de matérialiser tout cet imaginaire qui me traverse.

(expérience n°9) – #User31

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Attention aux divulgâchements !

Ce que vous allez lire est un chapitre de l’histoire La Manufacture de l’Onirie de la série Chimères qui comprend une autre histoire : Le Monde du Dehors. Si les deux peuvent se lire indépendamment, il est conseillé de découvrir la fin du Le Monde du Dehors avant la fin de cette propre histoire !

Les chapitres du Le Monde du Dehors sont disponibles ici.
Quant à ceux de La Manufacture de l’Onirie, retrouvez-les .

(expérience n°9)

#User69

Le printemps est joli en cette année.

Jérôme nous prépare dans le jardin de notre belle maison de famille un barbecue dont lui seul en a le secret. Il pose, tout fier, ses morceaux de viande, les meilleurs au monde selon lui.

Nos enfants jouent ensemble. Pierre semble un peu trop embêter sa sœur, s’il continue, j’irai lui dire deux mots, mais pour le moment, je profite.

Pas des rayons du soleil qui me réchauffent doucement la peau, ni de la légère brisque qui danse dans mes cheveux, ni même de cette musique lointaine jouée chez l’un des voisins…

Jérôme s’assure de la cuisson comme si sa vie en dépendait. Je souris : son expression dans les tâches même les plus quotidiennes m’avait toujours amusée.

Pierre a fini par laisser tranquille Sophie qui s’amuse à arracher des marguerites. Je la laisse faire mais je la guette du coin de l’œil. Si elle touche aux tulipes, ça va être une autre histoire mais, pour le moment, je tire profit.

Pas de cette odeur appétissante qui me vient au nez, ni de cette pie qui vient de se poser non loin et qui espère profiter lui aussi de ce repas, ni de ce livre que je tiens entre mes mains…

Jérôme a retourné la volaille et la cochonnaille. Il sifflote un air que j’avais l’habitude d’entendre.

Je sens que des petites mains me tirent la robe. Je baisse la tête.

– Pourquoi tu pleures maman ? me demande Sophie.

Je la regarde comme jamais puis, l’espace d’une seconde, les réflexes me reviennent :

– Ce n’est rien mon cœur, lui dis-je en lui faisant un bisou sur le front. C’est la fumée qui me pique les yeux…

Ma fille repart s’amuser dans l’herbe.

Je n’ai pas vraiment menti : c’est la fumée de mon passé qui passe devant moi. Celui dans lequel je n’ai pas encore divorcé. Celui dans lequel mes enfants n’ont pas encore fait leur vie loin de moi.

Le printemps est joli en cette année… mille neuf cent quatre-vingt-quinze.

(témoignage n°9) – Roxane

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Attention aux divulgâchements !

Ce que vous allez lire est un chapitre de l’histoire Le Monde du Dehors de la série Chimères. Pour éviter de vous faire divulgâcher, retrouvez tous les chapitres sur cette page !

(témoignage n°9)

Roxane

« Mathieu et moi avons la même conception des choses. Nous survivons, oui, mais nous devons calmer cette peur qui nous ronge les entrailles, celle qui nous persuade que nous n’allons jamais nous en sortir et que nous allons tous mourir. Certaines Têtes Baissées ne tiennent pas et je les entends parfois pleurer dans les voutes. Je vais alors les voir, je m’assois près d’eux, et je leur demande de me parler de leur vie d’avant. Et ça marche. La machine des souvenirs se déclenche, leur produit une nostalgie qui leur applique du baume au cœur. C’est surtout de ça qu’ils ont besoin : qu’on fasse attention à eux. Qu’on leur montre qu’ils ont toujours une identité… qu’ils existent encore ! Ils veulent se sentir à nouveau vivants. Au-delà des tâches qu’ils doivent obligatoirement faire, on essaye de leur montrer que nous sommes les uns envers les autres plus proches que les apparences veulent bien montrer. Une sorte de corde invisible qui nous lie de tous avec de véritables morceaux d’humanité dedans. Je ne suis pas psychologue, mais j’ai toujours aimé écouter les gens. Leurs problèmes. Parce que parfois, en parlant à une oreille attentive, ils arrivent à trouver seuls leurs propres solutions. Et c’est ce que je veux apporter à la Grotte… à nous. »

M’allonger par rêve

M

Je veux m’allonger par rêve
Faire une sorte de grève
Imaginer tout réveillé
Jusqu’à que je crève

Voir dans une nuit étoilée
Un oiseau qui se lève
Qui dans son envolée
Soudain m’enlève

Partir en Voie Lactée
Étudier Ce Qui Nous Élève
Promis juré craché
Je serai bon élève

Je n’ai rien à dire

J

Je n’ai rien à dire
J’ai tout à écrire
De mes pensées maladives
Tremper dans l’encre-salive
La plume pour ne pas laisser les miennes
Une façon de secouer plus fort les chaînes
Je secoue mon poésiomètre
Je prends les lettres
J’en fait des mots
Mais poser S E N S
Suffit-il à donner du sens ?
Je casse mon poésiomètre
Je jette les lettres
Je serre mon cœur
J’en fait un émetteur
Je prends mes tripes
J’en fait un clip
Je gicle mes globules
J’en fait des bulles
Je prends mon être
J’en fait des l’être

 

 

(expérience n°8) – #User69

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Attention aux divulgâchements !

Ce que vous allez lire est un chapitre de l’histoire La Manufacture de l’Onirie de la série Chimères qui comprend une autre histoire : Le Monde du Dehors. Si les deux peuvent se lire indépendamment, il est conseillé de découvrir la fin du Le Monde du Dehors avant la fin de cette propre histoire !

Les chapitres du Le Monde du Dehors sont disponibles ici.
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(expérience n°8)

#User69

Je termine à peine un long baiser langoureux qu’une autre bouche s’offre à la mienne. Je sens des mains, douces et puissantes, me toucher de partout, même à des zones très sensibles…

Tout n’est que soupirs et gémissements dans ce labyrinthe sombre. Une musique entrainante, régulière, parfois saccadée de notes graves, nous met dans l’ambiance, même si les invités de ces lieux ont trouvé par eux-mêmes le rythme qu’ils souhaitaient donner aux autres.

Je me sens terriblement bien. Je navigue de corps en corps, caresse la surface de cette mer d’hommes offerts qui ne demande qu’à être approfondie.

Les chairs se présentent sous toutes ses formes. Leurs porteurs s’acceptent avec bienveillance et prennent là où les envies les emportent.

C’est ma première expérience sexuelle en mode virtuel. Un ami habitué m’en avait parlé mais je n’étais pas trop partant. Je craignais que cela soit trop chimère, un amour de seconde zone, un peu comme se soulager avec un jouet plutôt qu’avec un autre homme. Puis, à force de m’en parler, je me suis laissé convaincre, et je suis monté dans une de ces Capsules.

Les sensations sont incroyables. C’est comme si j’étais vraiment là-bas avec tous ces garçons qui attendent la même chose que moi. Je les sens et les saisis comme s’ils étaient réellement avec moi. Le détail de leur physique me surprend : ils sont exactement comme ils sont dans la « vraie » vie.

Pour ces moments de partage d’instincts primaires, il existe une réglementation particulière. Il est par exemple impossible de concevoir quoi que ce soit ici, si ce n’est de matérialiser certains objets déjà imaginés par les Oniric Content Designers, payants bien sûr. Aussi, on doit obligatoirement se présenter sous notre réelle apparence pour éviter de tromper l’autre et qu’il se sente trahi ! Sinon, dans les pratiques, on pouvait faire tout ce qu’on voulait dans la limite du raisonnable, tant que l’on ne blessait pas trop sérieusement…

Ce qui est surtout incroyable pour moi, c’est de pouvoir me mélanger avec d’autres hommes venus des quatre coins du monde, d’avoir cette diversité que je n’aurais sans doute pas eu en vrai. Je ressens tout. Je vis tout. Je le dis avec un peu de honte : je n’ai jamais ressenti un tel orgasme.

(témoignage n°8) – Mathieu

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Attention aux divulgâchements !

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(témoignage n°8)

Mathieu

« Les jours passent et se ressemblent. Notre pire ennemi, c’est l’ennui. Quand on ne fait rien, on pense à toute la merde qui nous est tombée dessus : on pleure, on se met en colère, et on déverse notre rage sur son voisin. D’abord, c’est verbal, puis c’est physique. Et ça se bat à deux, puis à trois, six, douze… et ça part à l’émeute. Le chaos, on fait tout pour ne jamais l’avoir, avec Yann et Roxane. Faut dire qu’il suffit à Yann de se montrer, vu son physique, ça calme direct… ouais d’accord : mais jusqu’à quand ? Un jour, on le sait, il n’impressionnera plus. Ou il va finir par être hors d’état de nuire. J’entends par là, le crâne explosé avec n’importe quel bâton pointu que n’importe qui peut fabriquer en deux-deux. Alors, même si je me démerde assez en combat, avec Roxane, on essaye de réfléchir à des méthodes plus subtiles que la force brute de dissuasion. Et on s’est dit qu’il fallait les occuper, les Têtes Baissées. Alors plutôt que de leur attribuer des tâches monotones, on essaye de leur faire jouer un rôle différent chaque jour que Dieu fait -enfin, par Dieu, façon de parler : s’il existe mais quel connard ! -. Les cueilleurs deviennent guetteurs, les guetteurs chasseurs, les chasseurs voyageurs, les voyageurs cueilleurs… enfin, tu vois le truc. On se réunit même tous chaque soir dans la plus grande des pièces souterraines pour se raconter nos histoires. Celles d’avant. Quand on avait encore du ciel bleu, qu’on pouvait entendre les oiseaux, respirer de l’air frais même s’il était déjà pollué. Quand on vivait dans le bonheur. Car, malgré tous nos soucis, on vivait. »

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Je te regarde comme si c’était la première fois. Je me demande si tu vois comme moi. Plutôt : si tu sens comme moi. J’ai plongé dans une lumière. Je me suis senti emporter dedans et y avoir déversé ma cervelle, mon cœur, mes tripes, mon sang. J’y ai mis tout mon être. J’ai accepté de troquer mes sens et mes repères pour ressentir et aimer. C’est comme écrire sans se relire, placer la virgule, placer les virgules,,, laisser que des virgules,,,,, les virgules, virguleront, ,

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L’Après

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Il paraît que le ciel est grand, qu’on finira tous par tomber dedans. Ce n’est pas la vie qui nous offrira une vue aérienne, c’est ce qui suivra après. L’Après, d’ailleurs, on y pense tous souvent alors qu’on est dans le Pendant. L’Avant, pourtant, on n’y pense jamais.

Je regarde tout au-dessus de moi et me demande où sera ma place, si je serais sur un de ces nuages ou alors faudra-t-il encore se battre pour gagner sa place. Peut-être même qu’il existe des niveaux et que plus on est haut et plus on peut faire le beau. J’espère qu’on dépassera la Terre et qu’on finira dans les étoiles, qu’on pourra voyager partout où l’on voudra. Et si on l’espace est infini, et s’il est aussi beau des quelques photos que l’on tire d’ici, cela explique pourquoi personne est revenue ici.

J’espère de tout mon cœur que nous serons des voyageurs, éternels dans ce qui ne se finit jamais, que l’on ira espionner en douce la vie qui s’étend ailleurs, que l’on rigolera très fort quand on verra comment on les avait imaginés dans nos papiers et nos écrans. On rencontrera alors dans cet Après d’autres espèces qui ont aussi terminé leur vie, et, par un temps qui ne nous concerne plus, on finira par tous se comprendre et apprendre.

Voilà une idée qui me rassure dans le Pendant. S’il y a bien une chose que je crains, c’est de penser que seul le Néant nous attend.

(expérience n°7) – #User51

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Attention aux divulgâchements !

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(expérience n°7)

#User51

Mes plumes se balancent dans la danse du vent. L’épaisseur des nuages s’amincit, puis, soudain, j’aperçois la cime des montagnes enneigées. Je ressens le froid mais je résiste à sa morsure.

Ma vue transperce l’horizon et j’analyse des détails que je n’aurais jamais pu remarquer à une telle distance. Un renard blanc joue avec un autre, tandis qu’un ours traverse, lentement mais puissamment, le blanc manteau.

Je savoure surtout cette envolée dans la nature sauvage. Jamais de toute ma vie je n’ai ressenti une telle sensation. Je vole à des centaines de mètres sans ressentir la moindre peur ou un soupçon de vertige… comme si j’avais fait ça toute ma vie !

Je replie mes ailes longues et étroites le long du corps pour me laisse piquer presque à la verticale avant de remonter avec une certaine grâce.

Je navigue dans l’océan du ciel, j’improvise une abracadabrante chorégraphie d’oiseau dont moi seul ai le secret.

De mon bec tordu jusqu’aux serres, je vis ma plus belle vie de rapace.

L’espace d’un instant, j’oublie que j’ai toujours été paralysé sur un fauteuil roulant.

Je ne me suis jamais senti aussi vivant.

(témoignage n°7) – Priyanka

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(témoignage n°7)

Priyanka

« C’était déjà difficile d’être une femme dans le monde d’avant alors imaginez dans le monde d’après… surtout quand vous êtes d’origine indienne ! Si vous n’êtes pas un homme, et encore moins blanc de peau, certains vous le font bien savoir en venant vous dire que votre présence dans la Grotte est « illégitime » ! Heureusement, Isabelle et Seb ont deux caractères bien trempés. Quand ils ont été nommés Dirigeants, ils ont aussitôt crié haut et fort que ceux qui se comporteraient mal avec les autres seraient punis ! Ils ont d’ailleurs mis des femmes dans l’organisation, moi y compris, pour montrer qu’on avait bien toutes notre place dans la Grotte ! Mais avec toute la volonté du monde, du moins ce qu’il en reste, on ne peut jamais empêcher les gens de penser… et je sens de temps en temps des mauvais regards. Voilà pourquoi je ne reste jamais seule… ne sait-on jamais. Les quelques femmes qui ont osé aborder ce sujet m’ont raconté qu’elles avaient le même sentiment d’insécurité que moi. J’espère qu’on pourra faire évoluer rapidement les mentalités. Ce sera difficile, je le sais. Beaucoup vous diront que la priorité c’est de survivre. Vivre, ça viendra après. »

Enrím

Cosmonaute vagabond dans l'espace rêvé, j'essaie tant bien que mal de matérialiser tout cet imaginaire qui me traverse.

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