AuteurEnrím

Cosmonaute vagabond dans l'espace rêvé, j'essaie tant bien que mal de matérialiser tout cet imaginaire qui me traverse.

Algorithme chaotique

A

Il existe, quelque part, en tournant bien le cœur, un endroit que les yeux ne peuvent voir. Il est un espace que le corps s’approprie, engloutit, ressent. C’est une odeur qui sent bon les sentiments. C’est un souvenir du futur. C’est un son du silence. C’est une couleur de l’invisible. C’est un mot qui ne s’écridit pas. Il faut ajuster son âme dans ses meilleurs et pires paramètres. C’est un algorithme chaotique. Il faut s’improviser scientifique-poète… ça ne s’apprend pas, ça s’éprouve. Il faut prendre ou bien rejeter tout ce qui vient, ou alors qu’une partie, ou alors ne rien faire, ou alors tout faire. Il n’existe pas de codes, de manuels, de notices. C’est un vaisseau propulsé à l’essence de l’être. Tant pis ou tant mieux si tout se casse la gueule, ou arrive à bon port, ou revient à son départ. Le voyage est tout ce qui compte quand on cherche l’angle de son cœur.

Je souffris.

J

J’ai de la douleur à en rire, alors je souffris. Je le montre dans un cirque que j’ai monté avec toute la peine du monde, pour que le public voit mes plus belles larmes de clown dans mes pitreries. Je fais gonfler un ballon, tout déformé, tout bizarre, qui est moi. Il est rempli avec le souffle d’un homme essoufflé, avec du rien, si ce n’est de la honte et de la colère, donc avec tout. Il explose avec l’aiguille du mot bien placé. Le public n’y comprend rien, c’est tout là l’art circassien, de jongler dans le non-sens, d’arroser la vie de sa vie.

À cœur perdu

À

À cœur perdu j’ai tout gagné
À partir nu sans pleurer
À fuir avec les doigts bleutés
C’est un sang froid dûment payé tu sais
De vivre avec des pensées anesthésiées
De me dire que je n’ai jamais eu rien à te dire
De ne même pas pressentir ce que je devais ressentir
C’est le miroir qui rejette un autre reflet
Flou sans aucune doute mais jamais brisé
Je me sens bien d’être dans ce mal net
Car je ne ressens pas le choc de la comète
Je me suis suffisamment caché dans les étoiles
Pour qu’on ne me trouve pas dans les Voiles

(expérience n°17) – #User51

(

Attention aux divulgâchements !

Ce que vous allez lire est un chapitre de l’histoire La Manufacture de l’Onirie de la série Chimères qui comprend une autre histoire : Le Monde du Dehors. Si les deux peuvent se lire indépendamment, il est conseillé de découvrir la fin du Le Monde du Dehors avant la fin de cette propre histoire !

Les chapitres du Le Monde du Dehors sont disponibles ici.
Quant à ceux de La Manufacture de l’Onirie, retrouvez-les .

(expérience n°17)

#User51

Par-dessus les montagnes, l’air caresse toujours mes plumes. J’aurais pu être n’importe qui d’autre, mais être un oiseau volant est ce qui me permet de guérir. Je comble les jambes que j’ai perdues. Je troque la marche contre l’envol. Je prends un pouvoir que les humains n’ont pas. Ils me doivent bien ça, ceux-là ! C’est bien à cause d’eux que je me suis retrouvé dans cet état ! Alors, je vole !

D’un coup, j’aperçois une silhouette au loin. Ma vue, pourtant très bonne, ne parvient pas à l’identifier. Je trouve ça étrange. D’habitude, les animaux sont plus ou moins les mêmes dans les cimes puisque j’avais demandé aux concepteurs de reproduire les montagnes de mon enfance. Mais là, que ça soit la couleur, la forme, ou encore le mouvement… rien ne va.

Gueule baissée, ailes rabattues en arrière, je fonce. Plus je m’approche et plus ça m’intrigue.

Soudain, l’effroi.

Un jeune homme s’avançait difficilement sur la neige épaisse…

Il était en fauteuil roulant.

Cette chose dans la tête

C

Je loge cette chose dans ma tête qui ne veut pas partir. Elle se met entre moi et la Création. Elle m’empêche de raconter mes voyages quand je suis là-bas, dans cet Univers de mondes qui me permet de trouver les mots. C’est vivant… je crois. Elle forme une barrière. Je tape mes poings, mon cœur et ma tête dedans. Je rebondis en arrière et me fracasse par terre. Cette chose m’empêche de m’exprimer. Cette chose est contre moi. Je ne sais pas ce que je lui ai fait. J’ai beau cherché au fin fond de ma mémoire, explorer la moindre parcelle de mes souvenirs, je ne trouve rien qui lui permettrait d’avoir des bonnes raisons de me contrer. Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne me m’aime pas. Ce qui est moins sûr, c’est ce souffle quelque part, un murmure presque chanté, me lançant doucement que, cette chose, c’est moi.

Je m’assoie, j’attends

J

Je m’assoie, j’attends. Dans la fatigue, les mots reviennent. Mon énergie était dans la barrière. Ces mots rentrent, font place. Ces mots sonnent, font écho. Ces mots plongent, font noyade. Je ne veux pas toucher au plus près, je veux toucher. Fusionner. Comment faire quand la distance fait loi ? Comment brûler le Code ? J’ai l’essence de mon être sans l’allumette. Cassez-moi tout, que j’y mette le feu. Les flammes feront place nette.

Comme la lumière est jolie

C

Comme la lumière est jolie lorsque tu te l’imagines. Tu te la projettes blanche, jaune, ou d’une autre couleur, forte comme celle du Créateur ou faible sur le point de faillir, nouvelle à la seconde ou aussi ancienne que l’éternité. Elle peut te téléporter aux confins de l’Univers comme te projeter plus bas que terre. Elle peut être aussi bien accueillante qu’une mère te tendant les bras pour te lover contre sa poitrine, que terrifiante face à une mort glaciale t’attendant au tournant de la vie. Elle s’oppose aux ombres, aux ténèbres, aux nuits, ou s’allie à l’obscurité pour te guider dans ses étoiles quand tu te perds. Elle te jette des sortilèges qui te maudissent, elle te lance des formules qui te protègent. Elle te baigne aussi bien dans un Soleil d’hiver que dans une Lune d’été…

…alors pourquoi t’obstines-tu à devoir m’éclairer, à me dire qu’elle n’est qu’un rayonnement électromagnétique dont la longueur d’onde, comprise entre 400 et 780 nm, correspond à la zone de sensibilité de l’œil humain, entre l’ultraviolet et l’infrarouge ?

Rêver ne s’explique pas.

On devait se plaire

O

On devait se plaire
Ça devait le faire
J’avais mis ma plus belle tenue
Pour mettre en avant mon cul
J’avais mis les petites lumières
Pour une ambiance à genoux sans prière
Lancé la musique
Celle qui donne la trique
J’avais mis mes poils en avant
Je voulais ta tête dedans
Mais tu n’as rien compris aux signes
Tu t’es montré indigne
Tu n’as fait que parler de choses futiles
Moi je voulais qu’on agisse utile
Tout était clair dans la situation
J’ai même pas eu une fellation
Je voulais baiser jusqu’à tard
J’avais même sorti le Ruinard
Sans avoir bu tu m’as soulé

On peut dire que t’as tout ruiné
Je me suis retrouvé délaissé
Sans avoir rien délester
Il ne m’est resté que ma main
En attendant mieux demain

SendMa(n)Chine

S

Elle était arrivée chez moi à la date de livraison estimée. Si mon portefeuille était devenu bien léger depuis son acquisition, la machine, quant à elle, était très lourde. Elle était également bien plus imposante que je ne l’imaginais : les transporteurs avaient dû la faire passer par la fenêtre de l’appartement, car elle ne passait pas par la porte d’entrée… heureusement que j’habite au rez-de-chaussée. Elle prenait désormais plus de la moitié de mon salon. J’ai dû déplacer mon canapé dans la cuisine. Mais qu’est-ce qui m’a pris de l’acheter ?

Je l’avais vu sur les réseaux sociaux. Y, Instouille, TicTak… elle était partout. Les influenceurs l’avaient reçu gracieusement par une entreprise qui était jusqu’à présent méconnue du grand public. Pourtant, l’entité existait depuis plus de trente ans. C’est assez étrange, quand j’y pense. Malgré tout, bien que son prix soit prohibitif pour le plus grand nombre, elle s’arrachait comme des petits pains. Les utilisateurs disaient tous la même chose sur les publications : « C’est incroyable ! Tu l’utilises une fois et tu ne peux plus t’en passer !« . Alors j’ai voulu essayer.

La machine se présentait comme un fauteuil en cuir que l’on trouvait chez n’importe quel psychologue classique, sauf, qu’en plus, il existait tout un bloc d’alimentation fait de fils, de boutons, et de lumières. Il était indiqué qu’il ne fallait surtout pas y toucher, alors je ne l’ai pas touché. La mécanique était très importante : il suffisait de s’allonger dedans, et alors, le canapé créait une sorte de bulle de savon qui l’englobait de la tête aux pieds. Il était là aussi précisé qu’il n’existait aucun danger pour la santé, que l’oxygène traversait bien la « bulle« . J’étais malgré tout dubitatif, car je me méfiais toujours de tous les produits made in China, d’autant que je trouvais le nom de l’invention assez nul : « SendMa(n)Chine« . Si je reconnaissais que le jeu de mots avec « SandMan » était bien trouvé, celui entre « Chine » et « Machine » beaucoup moins.

Après l’avoir allumée, je me suis mis dedans. C’était bien confortable comme il faut, je n’avais rien à dire de ce côté. J’aurais pu dormir en moins d’une minute. Mais, dormir, ce n’était pas vraiment ça que proposait « SandMan« . L’appareil prétendait pouvoir stimuler à son plus haut niveau l’imaginaire de la personne qui l’utilisait. Pour cela, il existait dans la tête du fauteuil tout un dispositif caché concentrant des milliers de capteurs. Il suffisait de poser sa tête dessus, d’activer la mécanique, et de laisser faire notre cerveau. Moi, qui suis un grand rêveur dans un monde où les écrans et l’intelligence artificielle nous rendent paresseux dans la création, ça m’avait fasciné. J’ai voulu absolument le tester. Et, n’étant pas un grand influenceur, bien que j’ai mon petit lectorat de 45 000 abonnés qui suit mes bêtises sur Y, il m’a fallu l’acheter. Il était désormais temps que je sache si « SandMan » était la plus grande invention ou la plus grande escroquerie du siècle.

J’appuyai sur un bouton près de mon bras droit. Un petit bruit puis, très vite, une bulle de savon se forma progressivement au-dessus de moi avant de m’envelopper tout entier. Je voyais les faisceaux lumineux allaient et revenir sous la forme de tâches. Cela générait des couleurs variées qui glissaient sous mes yeux. C’était joli mais il ne passait rien. Une minute… deux minutes… je commençais à me demander comment j’allais tourner ma demande de remboursement sur le site de l’entreprise. Soudain, je crus voir quelque chose de différent. Mieux : j’entendais également un son. Cela me parut familier. Puis c’est alors que, d’un coup, je me retrouvai dans une fête foraine. Je sentais les sucreries, j’entendais les sons des manèges, les micros des forains, puis je réalisai que j’étais dans la confiserie de ma grand-mère. Elle me regarda, puis d’un air étonné, me demanda ce que j’attendais pour aller faire cuire les churros pour les clients qui attendaient devant. Je balbutiais.

– O… oui mémé, j’y vais.

Et pendant que je tournais le bras pour faire tomber la pâte dans la cuve d’huile chaude, je réalisai que je me sentais dans le même allongé quelque part. Je réalisai alors que tout ce qui se passait autour de moi était faux, que c’était simplement le fruit d’un rêve augmenté. Ils avaient raison : c’était extraordinaire. Je devais, dans mon subconscient, ressentir le besoin de retomber en enfance, de travailler de nouveau avec ma grand-mère à la Fête des Loges… et c’était quasiment comme si j’étais retourné dans le passé. La seule chose qui changeait était ces petites phrases dans mon esprit qui me disait de temps en temps, de manière très rapide « Vous en êtes à cinq minutes d’utilisation. Nous vous recommandons de ne pas l’utiliser plus de quinze minutes pour une première utilisation. Nous vous rappelons que ce n’est pas réel et que vous pouvez à tout moment revenir en pensant le mot « arrière«  ».

Il me restait dix minutes, alors, après avoir servi les churros aux clients, j’allais serrer ma grand-mère dans mes bras avant de lui raconter des bêtises. Pendant dix minutes, je n’étais plus là. Pendant dix minutes, j’étais redevenu un gamin.

Le Récap de 2024 (ça ne rime pas, on pardonne…)

L

Il arrêta soudain sa longue course pour respirer longuement l’air frais entre les arbres. La douce neige était venue le voir, et, comme une amie de longue date, avait accepté qu’elle reste pendant un temps.

Il contempla ses terres. Il fut, quelque part, satisfait de les voir s’agrandir, s’enrichir. « Pour une première année, c’était un bon début », pensa-t-il. Puis il reprit son chemin, droit devant lui, en souhaitant de tout son cœur continuer à devenir l’animal qu’il souhaitait être.

L’année 2024 se termine. Comme toujours, cette pensée de simple mortel me revient : « Fiou ! Comme ça passe vite ! ». C’est là une phrase que je prononce à chaque évènement, que ça soit un anniversaire, Pâques, les vacances d’été ou encore à la Saint-Glinglin (si si, elle existe !).

Depuis la Refonte (le Renouveau ? le Recommencement ? la Version 2.0 ?) de mon blog-animal, je ne peux pas vraiment vous écrire qu’une année complète de publications s’est écoulée puisque le tout premier texte a été mis en ligne le 1er mai. Je ne peux pas non plus vraiment rajouter qu’il y a eu beaucoup d’inédits puisque bon nombre d’entre eux existaient déjà, depuis bien longtemps. Mais je peux vraiment vous écrire que certains ont été réécrits – parfois, à plusieurs reprises – dans cet espoir secret qu’ils soient meilleurs qu’avant. Il y a tout de même plus de 100 textes déjà en ligne !

En parlant de réécriture, ce fut notamment le cas de mes deux ouvrages, V/v/en et Estelle(s), respectivement les tomes 1 et 2 de la série Éclats que j’ai publiés, suite à des conseils de mon entourage, sur Amazon. Cela change d’avant, mais voyez plutôt :

La Refonte (le Renouveau ? le Recommencement ? la Version 2.0 ? Mince, je recommence…) de ces ouvrages étaient nécessaires pour plus de cohérence et renforcer le lien entre eux. Ceux qui ont pu lire ceux d’avant et ceux de maintenant comprendront. J’en profite au passage pour remercier les copains d’avoir joué le jeu et d’avoir été poli de me les acheter pour me faire plaisir !

En sus de ces deux bouquins, il faut en compter un autre : un premier recueil de nouvelles, poèmes et pensées publiés sur mon blog : Des écrits. Ce qui fait… 1 + 1 + 1… hmmm… 3 ! Ouf, je m’en sors encore en math !

Trois, c’est plutôt bien. Hé bien voilà : j’espère qu’en 2025 je vais pouvoir en publier trois autres. Un deuxième assemblage Des écrits, déjà, ensuite, la suite de la série Éclats, qui se nommerait Rrruben, puis, pour le troisième, mais qui s’accompagnerait nécessairement d’un quatrième, j’espère finir en 2025 les deux tomes de la série Chimères Le Monde du DehorsLe Monde du Dehors et La Manufacture de l’Onirie, disponibles au fil de l’eau sur le blog !

Enfin, je vous laisse avec Jean-Louis qui a quelque chose à vous dire mais, comme il est timide, il va ma le dire dans l’oreille et je vais vous le répéter. On t’écoute Jean-Louis… allez ! Les lecteurs n’ont pas que ça à faire !

Jean-Louis (et moi, au passage) vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d’année ! Profitez bien de vos proches, mangez bien, buvez bien (avec la modération qui s’y attache), et puis, achetez par centaine, non, par milliers les bouquins d’Enrím disponibles sur Amazon, et faites lui beaucoup de pub (et de bisous) ! Bah ça alors, Jean-Louis ! Comme c’est gentil de ta part !

Je vous dis à très vite pour une nouvelle publication !

De l’amour partout !

Enrím

Enrím

Cosmonaute vagabond dans l'espace rêvé, j'essaie tant bien que mal de matérialiser tout cet imaginaire qui me traverse.

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